- Caroline
- 11 juin
- 10 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 juin

À la rencontre des gorilles des plaines de l’Est et des éléphants de forêt, dans un Congo où le silence révèle les sens et l’aventure se vit sans artifice.
Prologue - Et si le vrai luxe, c’était de partir là où personne ne va ?
Quand on pense à l’Afrique, peu de regards se tournent vers le Congo. Et pourtant, c’est là que Caroline, fondatrice de The Travel Corner, a vécu l’une de ses expériences les plus marquantes : une immersion profonde, rendue possible grâce à Kamba African Rainforest Experiences, projet pionnier du tourisme durable.
Créé en 2012 sous le nom de Congo Conservation Company, Kamba invite à explorer le bassin du Congo -vaste territoire sauvage abritant la deuxième plus grande forêt humide du monde — à travers un voyage responsable, fondé sur la conservation, l’engagement local, et “un luxe simple, sincère et essentiel”.
À travers cet entretien, on vous propose de lever le voile sur ce pays encore confidentiel, de découvrir ce que signifie vraiment voyager autrement et d’imaginer, peut-être, votre propre manière d’habiter le monde. Caroline partage ici les coulisses de ce voyage rare, ses impressions, ses rencontres, et cette approche d’un luxe plus intérieur, plus sensoriel, où l’expérience devient le véritable privilège.
Le Congo : une évidence
Qu’est-ce qui t’a donné envie de partir là-bas ?
« Ce qui m’a poussée à partir, c’est avant tout ma passion pour les gorilles. J’avais déjà eu la chance de rencontrer les gorilles de montagne au Rwanda, mais je voulais aller plus loin, découvrir une autre espèce, dans un autre environnement. J’avais envie d’en apprendre davantage.
Pour moi, il était inconcevable de proposer cette destination à nos clients sans l’avoir vécue. Le Congo ne se raconte pas, il se vit. Il faut comprendre ce que l'on vend, la logistique et connaître les réalités sur place.
Il y a aussi cette idée d’exclusivité très forte. C’est une destination encore très peu fréquentée, et surtout quand on parle d’observer les gorilles, le contraste avec les autres pays est saisissant.
Il est courant de confondre la République du Congo avec la République Démocratique du Congo. Pourtant, ce sont deux pays bien distincts, chacun avec sa propre histoire, sa culture et ses paysages uniques.
On les appelle plus communément Congo-Brazzaville et Congo-Kinshasa, du nom de leurs capitales respectives.
Le Congo-Brazzaville offre l’expérience de randonnée avec les gorilles la plus confidentielle au monde.
Au Rwanda, il y a 94 permis d’accordés par jour, avec 8 personnes par trek. En Ouganda, c’est 144 permis par jour, également par groupe de 8. Alors qu'au parc national d'Odzala-Kokoua, dans le nord du Congo, il n’y a que 12 permis par jour… et seulement 4 personnes par groupe maximum.
C’est incomparable en termes d’intimité. Tu vis quelque chose de rare, de privilégié, presque hors du monde. Et ça, c’était une occasion que je ne pouvais pas laisser passer. »
Source : KAMBA Infographic - Comparing Gorilla Experiences (KAMBA)
Une rencontre inoubliable
Comment s’est passée la rencontre avec les gorilles ?
« C’est un moment incroyablement intime. On est maximum 4 personnes par trek, accompagnées d’un guide et d’un tracker. Pendant les treks, nous étions trois femmes, avec notre guide et un tracker local.
Il y a plusieurs familles que l’on peut rencontrer dans cette région. Aujourd’hui, quatre familles sont suivies dans la zone : trois sont déjà habituées à la présence humaine, et une quatrième est en cours d’habituation.
Le rôle du tracker est primordial. Originaires des villages voisins, ils connaissent chaque gorille depuis des années, ils les reconnaissent individuellement, savent comment ils se comportent, ce qu’ils ont fait les jours précédents. C’est presque une relation familiale - ils font littéralement partie de leur vie et eux de la leur.

On connait la famille que nous allons rencontrer la veille au soir. Grâce aux trackers, on a aussi une idée approximative de l’endroit où ils se trouvent.
Le lendemain matin, selon leur position, on part soit à pied directement depuis le lodge, soit on se rapproche en 4x4. Chaque journée est différente, parce que ce sont les gorilles qui dictent le rythme. On s’adapte à la nature, on se laisse porter.
Les gorilles qu’on observe là-bas sont des gorilles des plaines de l’Est (Gorilla beringei graueri). Ils sont différents des gorilles de montagne, que l'on voit notamment au Rwanda en RDC ou en Ouganda.
Ici, ces gorilles évoluent dans une diversité d’habitats perchés dans les arbres, se faufilant à travers les marantacées ou en se nourrissant de racines dans les clairières.
Parfois leurs bruits précèdent leur apparition, d’autres fois, ils demeurent discrets, presque invisibles. Chaque rencontre est unique. »
Un luxe d’immersion
A quoi ressemblent les hébergements sur place ? Peut-on vraiment parler de "luxe" ?
Le voyage avec Kamba suit un itinéraire bien conçu, articulé autour de trois lodges complémentaires, chacun avec son identité et son environnement spécifique. Le programme peut durer 7, 10 à 11 nuits, et tout est pensé pour que l’expérience soit fluide, cohérente, mais aussi immersive.

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Ngaga Lodge – Le cœur scientifique et l’entrée en forêt
« C’est le point de départ du voyage. Nous sommes juste à l’extérieur du Parc National d’Odzala-Kokoua, dans une zone protégée. C’est là que vivent les chercheurs et les primatologues — dont certains sont présents depuis des années.
Il y a une vraie ambiance de recherche, d’observation, presque méditative. On sent que l’on entre dans quelque chose de plus grand que soi.
C’est ici que se déroulent tous les treks gorilles. On comprend vraiment le travail d’habituation, de suivi, de connaissance fine des familles.
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Lango Lodge – Immersion totale dans la forêt humide
« Après notre passage à Ngaga Lodge, nous empruntons une piste en 4x4 avant de faire une pause déjeuner à Mboko Lodge. De là, nous reprenons la route, toujours en 4x4, puis traversons la rivière en kayak pour finir par rejoindre Lango Lodge à pied.

Le lodge se trouve en lisière d’un bai, une clairière marécageuse nichée au cœur de la forêt équatoriale. Ces zones ouvertes, riches en minéraux, sont de véritables carrefours de vie : éléphants de forêt, buffles, sitatungas, gorilles, oiseaux rares… tous viennent y boire, s’y nourrir et interagir, offrant des scènes d’observation exceptionnelles.
Le documentaire Les Secrets des éléphants, et en particulier l’épisode “Rainforest” produit par National Geographic, met en lumière le rôle crucial des bais en forêt dense. Ces clairières sont bien plus que des points d’eau : leur sol même, riche en minéraux, attire les éléphants de forêt.
On y découvre comment les éléphants s’y rassemblent non seulement pour se nourrir, mais aussi pour transmettre des comportements, entretenir des liens familiaux et participer, à leur manière, à l’équilibre global de l’écosystème.
À Lango Lodge, on observe cette scène sauvage à ciel ouvert, dans l’un des rares endroits où la forêt tropicale se révèle avec une telle intensité.
Ici, on ne parle pas simplement de « safaris pédestres » : les activités sont pensées comme une immersion progressive dans la forêt équatoriale. Certains treks suivent les traces d’éléphants ou de buffles dans les clairières boueuses ; d’autres nous mènent à travers les baïs, parfois les pieds dans l’eau, au cœur des zones riches en empreintes et en odeurs. On marche aussi en forêt dense, dans l’humidité silencieuse des sous-bois. Le rythme varie selon l’heure du jour, la météo, ou la présence animale.
Chaque activité raconte une histoire différente de la forêt.
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Mboko Lodge – Une escale au fil de l’eau
« Dernière étape de notre itinéraire, Mboko Lodge s’étend au cœur d’une vaste plaine traversée par la rivière Lekoli. Ici, la nature s’ouvre et respire, offrant un contraste apaisant après l’intensité immersive de Lango.
Ce lodge, généralement proposé en fin de séjour, invite autant à la contemplation qu’à l’exploration : baignade rafraîchissante dans la rivière, balades en bateau ou simples moments de partage autour du feu. Une escale qui n’annonce pas une fin, mais une transition douce et vivante, où l’on prolonge encore un peu la magie de la forêt.

Le vrai luxe ici, c’est celui de l’immersion - dans des lieux hors du commun, exclusifs, spectaculaires par leur position et accessibles aux plus privilégiés.
C’est un luxe qui ne cherche pas à briller, mais à te traverser.
Et chaque lodge incarne une forme différente de ce luxe-là :
• À Ngaga, c’est le luxe de la proximité — avec les gorilles, avec la recherche, avec la forêt vivante.
• À Lango, c’est le luxe de la puissance sauvage, là où l’humidité, les sons et les lumières te submergent.
• À Mboko, c’est le luxe de la respiration, de l’espace ouvert, du temps qui ralentit.
En somme, un luxe discret, rare et profondément sincère »
Le rythme des journées
Comment se déroulent les journées avec Kamba ?
« Le matin, on se lève très tôt, souvent vers 6h, parfois même avant. Le plus tôt pour moi, ce fut 4h30. Mais c’est cohérent avec le terrain, la lumière, et le rythme de la forêt.
À Ngaga Lodge, la journée commence par un trek gorilles. On retrouve notre guide et notre tracker, puis on part à pied, en 4x4 ou bien en kayak, selon la position de la famille de gorille qui nous a été attribué la veille.
À Lango, la journée commence souvent par une marche à travers le bai, dans la forêt encore embrumée - une atmosphère presque mystique. On s’arrête pour observer les oiseaux, suivre les traces d’animaux, écouter les sons de la forêt… et, avec un peu de chance, croiser le fugace éléphant de forêt.

L’après-midi, après un bon repas ou un moment de repos, on repart souvent pour une balade à pied.
Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que rien n’est jamais figé. Ce n’est pas un safari classique. C’est toi, la forêt, ton guide, ton tracker, et ce qui se passe. Parfois tu tombes sur un éléphant. Parfois tu ne croises personne, mais tu vis une ambiance, un frisson.
Ce qui m’a particulièrement marquée, ayant déjà fait de nombreux safaris en Afrique de l’Est et Australes c’est cette parenthèse totale au cœur de la forêt équatoriale. Les activités telles que le kayak, bateau offrent une perspective différente. Tu marches, tu observes, tu participes. Tu es dans le mouvement, et tu vis l’expérience complètement. »
À qui s’adresse ce voyage ?
Faut-il être sportif ou déjà avoir voyagé en Afrique ?
« Honnêtement, non. Il faut être en bonne forme, aimer marcher, porter son sac à dos, mais ce n’est pas un voyage physique au sens exigeant du terme.
Il y a de la marche, oui, parfois sur plusieurs heures, mais le rythme est modéré et adapté au groupe.
Rappelons que l’un des principes essentiels de Kamba est l’exclusivité : lors des randonnées dans le bai, nous ne sommes jamais plus de six participants, accompagnés de notre guide. Il est également possible de privatiser entièrement le groupe, pour une expérience encore plus intime et personnalisée.

Nous ne sommes pas dans un trek de haute montagne : ici, le terrain est plutôt plat, il n’y a pas besoin de porteurs, et les conditions sont plus souples.
Il faut simplement une curiosité sincère, l’envie de s’immerger dans un environnement très différent, et d’accepter un certain niveau d’inconnu ou d’imprévu.
C’est un voyage qui demande une ouverture, plus qu’une condition physique particulière.
En revanche, il faut savoir rester attentif à ce qui nous entoure, être aguerri à l’idée de marcher en pleine nature, parfois en terrain humide ou glissant, et conscient que nous évoluons dans un environnement sauvage. Nous sommes ici chez les éléphants de forêt, hyènes, léopards, hippopotames…
C’est cette proximité qui rend l’expérience unique et qui demande une forme de présence constante. »
Un projet engagé
Quel est l’impact concret du tourisme à Odzala-Kokoua ?
« Oui, c’est complètement un voyage engagé et ce n’est pas une étiquette posée par-dessus l’expérience, c’est vraiment au cœur du projet.
Dès l’arrivée à Ngaga, on comprend le lien entre tourisme et conservation. Le lodge est aussi une base pour les chercheurs et primatologues qui travaillent sur place depuis plusieurs années.
Ils suivent les familles de gorilles, mènent des études comportementales, participent au processus d’habituation. Et pour les voyageurs vraiment curieux, on peut organiser une rencontre avec les chercheurs si l’intérêt est là.
Tout cela est possible grâce à une vision forte, initiée en 2012 par Sabine Plattner, la fondatrice du projet. C’est elle qui a imaginé un modèle alliant tourisme, recherche et implication locale.
Et c’est à Ngaga que la primatologue Magdalena Bermejo a longtemps mené ses recherches sur les gorilles de plaine de l’Ouest - des travaux pionniers qui ont posé les bases du programme actuel. »
Une expérience intérieure
Qu'as-tu ressenti personnellement pendant ce voyage ?
« J’ai ressenti que j’étais actrice de mon voyage.
Je me suis retrouvée au milieu de nulle part, à me dire : “il faut que j’avance, il n’y a pas d’autre option”. Et dans ces moments-là, tous tes sens sont sollicités. Tu écoutes, tu observes, tu respires autrement. Tout devient plus vif, plus connecté. Chaque pas compte, car ici, aucun mouvement ne se fait sans le guide. C’est lui qui ouvre la voie, interprète les signes, décide du rythme. Nous marchons en file, en silence, à l’écoute de la forêt et de ses battements.
Il faut dire que les guides sont l’âme de cette expérience. Sans eux, rien de tout cela ne serait possible. Ce sont eux qui rendent l’invisible visible et qui nous permettent d’entrer dans un monde auquel on n’aurait jamais accès seuls.

Ce lien permanent, cette attention à chaque geste, modifie profondément notre manière d’être là.
Car il ne s’agit pas d’un simple safari contemplatif : on marche, on ressent, on participe pleinement.
Et lorsqu’on aime profondément la nature, les animaux, le voyage… on peut parfois croire qu’on a déjà tout vu.
Mais ici, j’ai été bouleversée par cette connexion totale : la densité de la forêt, la force des présences animales, le silence chargé de sens.
J’étais là, pleinement. Immergée, imprégnée, en écoute profonde : du lieu, des autres et de moi-même.
Un luxe pour les esprits curieux
À qui reccomanderais-tu ce voyage ?
« C’est un voyage pour les aventuriers, pour ceux qui ont déjà exploré les grands classiques et qui ressentent l’envie d’un ailleurs différent.
Pas forcément plus loin, ni plus spectaculaire, mais plus profond.
Pour ceux qui ont déjà fait les grands classiques, qui ont connu l’excellence des plus beaux lodges, et qui ressentent aujourd’hui l’envie d’un luxe différent.
→ Un luxe d’immersion : marcher dans la forêt, suivre un guide, être présent à chaque instant.
→ Un luxe confidentiel : vivre une expérience rare, presque en dehors du monde.
→ Un luxe engagé : sentir que chaque geste, chaque rencontre a du sens
→ Un luxe d’émotion : se laisser toucher, transformer, reconnecter.
C’est aussi pour cela que j’y suis allée : parce que pour raconter un tel voyage à nos clients, il faut d’abord l’avoir vécu et parce que comprendre de l’intérieur ces lieux uniques, c’est aussi prendre conscience à quel point ils sont essentiels, non seulement pour les préserver, mais parce qu’ils sont, en réalité, indispensables à notre propre avenir. »
Chez The Travel Corner, nous créons des voyages qui vont au delà de l’évasion : des expériences qui vous reconnectent à l’essentiel, qui bousculent vos perceptions et apaisent votre esprit.
Si l’aventure de Caroline vous parle, si vous aspirez à un voyage différent, profondément vivant, nous serions ravis d’en discuter avec vous.
Parce que certaines destinations ne se cochent pas sur une carte, elles se vivent.
